En 2019, l’Organisation mondiale de la santé a tranché : la musique s’invite officiellement dans le champ de la santé. Depuis, les hôpitaux français multiplient les expériences, intégrant des séances encadrées à leurs démarches pour soulager douleur, stress ou accompagner la réadaptation. Pourtant, le recours reste loin d’être généralisé : la plupart l’ignore encore, alors que la recherche accumule les preuves de ses bénéfices.
Cette approche concerne de nombreux profils : enfants autistes, personnes âgées vivant avec des troubles cognitifs, adultes en rééducation. Les professionnels spécialisés le constatent régulièrement : dans bien des situations, le bien-être émotionnel, cognitif et physique gagne véritablement en intensité.
La musicothérapie, alliance vivante entre musique et soin
La musicothérapie n’est pas un simple loisir. Cette discipline occupe une place de choix, à la croisée de la musique et de la thérapie. Qu’elle soit pratiquée en établissement hospitalier ou en cabinet privé, elle s’appuie sur les avancées scientifiques : la musique n’est pas qu’un fond sonore, mais un outil thérapeutique à part entière. En faisant partie des interventions non médicamenteuses (INM), elle participe à réduire le recours aux psychotropes et modifie la façon de prendre soin du patient.
On distingue principalement deux modalités : la musicothérapie réceptive, qui utilise l’écoute de musique, concerne d’abord les personnes fragilisées par la maladie, le handicap, la fatigue ou l’âge. Ici, l’objectif est d’apaiser, soulager les tensions, mieux gérer les douleurs et les angoisses. À l’inverse, la musicothérapie active mobilise la voix, les percussions, l’improvisation instrumentale : le patient explore, participe, retrouve des moyens d’expression, parfois perdus.
Véritable art-thérapie, la pratique mise sur la communication non verbale et l’émotion suscitée par la musique. Elle stimule la mémoire, favorise l’expression du vécu, encourage la réadaptation motrice ou cognitive. Un musicothérapeute diplômé guide les séances en trois étapes : accueil, temps musical personnalisé, puis échange final. Les bienfaits, abondamment référencés, s’observent tant sur la santé mentale que sur la santé physique et l’équilibre émotionnel des participants.
À quels objectifs répond la musicothérapie ?
La musicothérapie accompagne chaque patient par divers moyens, ajustant les méthodes aux besoins très divers qui peuvent se présenter. Qu’elle soit active (production de sons, chant, improvisation) ou réceptive (écoute attentive de morceaux), tout commence par la relation de confiance instaurée avec le thérapeute, qui adapte son approche au parcours, aux difficultés et aux points forts de la personne rencontrée.
Petit tour d’horizon des effets fréquemment constatés :
- Réduction de l’anxiété et des manifestations de stress prolongé
- Soulagement de la douleur, pendant une maladie ou après une opération
- Stimulation des capacités cognitives et de la mémoire, surtout chez les personnes âgées
- Amélioration de l’humeur et du sommeil
- Facilitation de la communication, pour les troubles du langage ou du spectre autistique
- Soutien du développement psychomoteur et sensoriel chez les plus jeunes
Une séance de musicothérapie suit toujours une structure : accueil, moment musical taillé sur mesure (écoute ou pratique), phase d’échange pour poser le vécu. Ce cadre favorise l’expression des émotions, restaurer la qualité du lien, soutenir la progression cognitive ou physique. Dans certains cas, cela permet d’envisager une adaptation de la prise de médicaments, notamment anxiolytiques ou antidépresseurs, au profit d’une alternative vécue et partagée.
Des bénéfices concrets à tout âge, pour des situations très diverses
La musicothérapie s’invite dans différents environnements : accompagnement des seniors, soutien aux enfants vivant avec un handicap ou rencontrant des troubles du développement… Pour les personnes âgées souffrant de maladie d’Alzheimer ou de démence, la musique devient une boussole : elle réactive des souvenirs profonds, apaise, permet parfois de renouer un dialogue là où la parole s’étiole. Même lorsque le langage s’efface, la mémoire musicale, elle, résiste : il suffit souvent d’une mélodie, d’un chant murmurant, d’un regard lumineux pour signaler une présence retrouvée.
Chez l’enfant, la musicothérapie intervient pour l’autisme, les troubles du langage, la paralysie cérébrale, le polyhandicap. L’intérêt ? Proposer un espace d’expression non verbale, stimuler la motricité, encourager l’ouverture sociale. Les séances alternent jeux rythmiques, improvisations, temps d’écoute, toujours dans une ambiance bienveillante qui favorise l’expérience et la progression. L’enfant avance, expérimente, porté par l’engagement du musicothérapeute.
Les adultes aussi y trouvent des bénéfices : face à la dépression, aux troubles anxieux, à la douleur chronique ou dans des contextes de soins palliatifs, la musique apaise, modifie la manière de ressentir la douleur, soutient l’expression d’émotions qui ne trouvent parfois pas leur place ailleurs. En néonatalogie, la pratique s’adresse même aux plus fragiles : les prématurés. On observe une stabilisation du rythme cardiaque, un sommeil de meilleure qualité, un environnement plus apaisant pour affronter la première étape de la vie. Cette grande diversité d’applications place la musicothérapie parmi les interventions non médicamenteuses les plus appréciées, autant du côté des patients que de celui des aidants et des professionnels.
Comment s’orienter et profiter d’une musicothérapie de qualité ?
Pas d’improvisation possible en musicothérapie : il faut une formation solide, des méthodes éprouvées, un encadrement fiable. Plusieurs structures et organismes nationaux accompagnent les professionnels du secteur et donnent des repères utiles. La Fédération Française de Musicothérapie dresse un panorama des professionnels certifiés et présente les critères des formations. Certaines institutions reconnues dans ce domaine, comme un atelier spécialisé ou une université à Caen, forment les futurs praticiens, accompagnés de chercheurs de renom qui éclairent les effets de la musique sur le cerveau.
Dans la vie courante, la musicothérapie se déploie à l’hôpital, en EHPAD, maison de retraite, école, crèche ou cabinet. Certaines associations dédiées proposent des ateliers, toujours en lien avec des équipes pluridisciplinaires de soignants et d’accompagnants. Quelques dispositifs associent la réalité virtuelle thérapeutique ou l’hypnose médicale, renouvelant encore l’éventail des possibilités pour les personnes concernées.
Pour s’orienter, mieux vaut solliciter un musicothérapeute diplômé, formé aux différentes méthodes. Il ne faut pas hésiter à questionner sur ses compétences, ses outils, sa supervision. Les avancées en neurosciences cognitives et en neuroimagerie montrent l’intérêt croissant de cette discipline : la musique prend alors toute sa dimension, bien au-delà du plaisir personnel, pour accompagner la santé mentale et émotionnelle.
Pour les personnes désireuses d’aller plus loin ou de débuter, plusieurs conseils constituent de bons points de départ :
- Explorer les ressources publiées par les sociétés savantes et tester des séances découverte proposées ponctuellement par des professionnels qualifiés.
- Si un traitement pour une maladie chronique est en cours, en parler à son médecin pour envisager l’intégration de la musicothérapie au parcours de soins.
À l’heure où la médecine expérimente de nouvelles voies pour préserver la part sensible de chacun, la musicothérapie dessine un horizon inattendu. Quand la musique guide la reconquête du mieux-être, une note, parfois, suffit à changer le cours d’une existence.


